mardi 13 avril 2010

84. Je voulais... (Début 1b.)

Je voulais écrire la vie d'un homme de bien.

Ce n'est pas que nous doutons de l'existence d'un tel homme. Nous en connaissons, peu. Quelques visages se présentent à nous. Et que savons-nous de cet homme sinon que le bien ne s'est mêlé qu'incidemment à sa vie, que nous le confondons trop souvent avec l'orgueil, la pitié, le conformisme, le désir d'être quiet, sans trouble ? La tranquillité n'est pas le bien, et nous ne savons pas ce qu'il est : nous savons depuis longtemps déjà qu'il n'existe pas.

Nous doutons même de l'existence du mal (nous en doutons moins, pourtant). La monstruosité, l'horreur, la douleur nous sont familiers, non point le mal. Nous n'hésitons pas en parler, mais qu'en disons-nous ?

Je voulais écrire la vie d'un homme de bien et nous ne pouvons que sourire. Est-ce vers la naïveté ou la niaiserie que tend qui veut en parler ? Vers le catéchisme ou ce qui est pire : les leçons de morales qui prétendent ne pas en être, les odes, les manifestes, les messages.

Le livre ne défendra rien : il présentera la vie d'un homme de bien.

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