Voici la mort.
Elle ne vient pas d'une balle manquée. Ce n'est pas plus le cancer des princes qui, après avoir touché la prostate, s'étend à l'estomac, aux poumons, plus avant dans les tissus et nous corrompt moins qu'il ne nous remplace. Nous le savons : notre mort viendra presque trop tard et nous y aurons déjà pensé, nous l'aurons attendue, préparée sans doute. Nous saurons, nous savons déjà, à quoi penser, quel souvenir, quel geste, quelle prière, que dire, quel dernier vers dire et répéter. Nous ne mourrons pas dans notre sommeil. Nous aurons déjà renoncé au pouvoir et à l'amour. Notre vie nous sera apparue de nombreuses fois, et nous n'aurons, pas plus que dans la vie qui vient de passer, réussi à lui donner une cohérence, à trouver deux phrases qui coïncideraient avec ce que nous estimons être nous à dire « voilà ce que je suis ». Nous sommes déjà résignés. Ce qui s'insinue en nous est moins terrible qu'un poison, pourtant. C'est le sentiment de ce que nous avons échoué, de ce que nous avons réussi et qui, désormais, n'est pas même un souvenir. Ce que nous aurions dû faire, et la certitude que l'ayant fait, nous n'aurions été meilleurs ou plus heureux.
Nous ne mourrons pas glorieux. Rien ne relèvera du sacrifice, du symbole, de la grandeur à laquelle nous avons aspiré. Ce sera au petit matin, sans doute, quand l'air frais est presque douloureux. Nous dirons ces quelques mots. Nous nous sommes vu agripper des nappes, faire voler les tables à nos côtes, injurier, nous oublier. Nous serons pareillement calmes, nous nous serons persuadés de consentir à tout. Nous guetterons l'éclair, la torpeur douloureuse pour un instant, l'éclair qui nous éteindra, la minuscule douleur, le vertige passager auquel on ne survit pas. Ce sera une crise cardiaque. Les doigts se crispent. Nous y sommes.
Elle ne vient pas d'une balle manquée. Ce n'est pas plus le cancer des princes qui, après avoir touché la prostate, s'étend à l'estomac, aux poumons, plus avant dans les tissus et nous corrompt moins qu'il ne nous remplace. Nous le savons : notre mort viendra presque trop tard et nous y aurons déjà pensé, nous l'aurons attendue, préparée sans doute. Nous saurons, nous savons déjà, à quoi penser, quel souvenir, quel geste, quelle prière, que dire, quel dernier vers dire et répéter. Nous ne mourrons pas dans notre sommeil. Nous aurons déjà renoncé au pouvoir et à l'amour. Notre vie nous sera apparue de nombreuses fois, et nous n'aurons, pas plus que dans la vie qui vient de passer, réussi à lui donner une cohérence, à trouver deux phrases qui coïncideraient avec ce que nous estimons être nous à dire « voilà ce que je suis ». Nous sommes déjà résignés. Ce qui s'insinue en nous est moins terrible qu'un poison, pourtant. C'est le sentiment de ce que nous avons échoué, de ce que nous avons réussi et qui, désormais, n'est pas même un souvenir. Ce que nous aurions dû faire, et la certitude que l'ayant fait, nous n'aurions été meilleurs ou plus heureux.
Nous ne mourrons pas glorieux. Rien ne relèvera du sacrifice, du symbole, de la grandeur à laquelle nous avons aspiré. Ce sera au petit matin, sans doute, quand l'air frais est presque douloureux. Nous dirons ces quelques mots. Nous nous sommes vu agripper des nappes, faire voler les tables à nos côtes, injurier, nous oublier. Nous serons pareillement calmes, nous nous serons persuadés de consentir à tout. Nous guetterons l'éclair, la torpeur douloureuse pour un instant, l'éclair qui nous éteindra, la minuscule douleur, le vertige passager auquel on ne survit pas. Ce sera une crise cardiaque. Les doigts se crispent. Nous y sommes.
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