C'était son premier souvenir politique. Trente personnes qu'un manque de chance, que le désœuvrement rassemblent pour nous, que trente délégués et responsables encadrent. Nous avons cinq, six ans, et pour nos six ans, tout relève de la nécessité et, de l'ordre du monde, de le stabilité de ce que rien ne mine. Et que les limites apparaissent, que le monde apparaisse par moments plus grand et moins certain, c'est tout au plus un désagrément qui nous accable, un malaise que nous expliquerons, dans dix ans, sans doute. C'était le maire et les médiocres qui cernaient le maire, c'était comme d'habitude un malaise, la possibilité de subir plus que de comprendre. On parlait aspirations, politique politicienne, priorité numéro 1, défense de notre patrimoine. Les choses étaient ainsi divisées, les choses qui n'étaient pas encore compliquées, s'ordonnaient. Était-ce de sa laideur, l'œuf simple, sa tête, de la veste de chasseur, des cheveux rares que venaient le malaise, le cœur vidé puis étreint, et déjà humide du métal froid qui l'emplissait ? On était hypnotisé par le ventre et les mouvements des lèvres, la vulgarité et la terrible joie, sa satisfaction qu'on ne comprendrait pas plus à présent, un mystère bruyant et d'un quintal, lui qui rayonnait à onze heures. Il n'aimait pas le monde qu'on désirait qu'il convoite, les olives et les terrains de tennis, et le ciel laid, plein de soleil. Il oublia tout, dès qu'il le put.
jeudi 2 décembre 2010
221. Premier souvenir politique.
Qu'en restait-il ? La conviction que les panses énormes étaient dispensées de faire de la politique. Qu'il n'était pas possible de concilier quelque dignité et d'être, comme G., un homme politique, qu'à sa condition d'élu, de responsable, se mêlait nécessairement la vulgarité, la division du monde en bons et en mauvais, en amis et en exclus, les buffets apéritifs, la présence au marché et aux salles de sport, qu'il accepter de perdre sa dignité, et qu'il remplacerait la joie, ce qui débordait de l'homme et qui n'était pas un ventre, par ses souffrances, qu'il agirait cependant, qu'il oublierait la pureté et connaîtrait le remords.
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