vendredi 13 août 2010

119. 2007-2012.

Cette victoire peut étonner : celui qui en profite n'y a pas contribué, celui qui l'a faite n'a pas péri et s'est volontairement retiré. Ce dernier est moins à louer qu'il n'y paraît : offrir la victoire aux médiocres et aux médiocres qui n'ont ni souffert ni lutté n'est pas une bonne chose. Ce n'était pas l'orgueil qui choquait, en les écoutant, mais leurs certitudes d'innocents. Ils étaient le bien, et ronronnaient, savouraient leur grande chance. Une main les avait guidés jusque là. Les arcanes, les sphères accueillait avec bienveillance ces élus. Il leur fallait désormais agir. Il leur était nécessaire de savoir ce que voulaient les puissances qui les chérissaient.

Les astrologues parurent alors. Ils ne lisaient pas le cours des astres, mais scrutaient avec gravité les courbes et les rapports. Ce que personne ne comprenait était la dernière des évidences pour ceux qui savent et répondent, et qui n'attendent pas la question pour répondre. Les astrologues étaient par ailleurs architectes. Comme rien n'est trop facile pour ceux qui devinent les grands mouvements cachés aux mortels, les plus grandes résolutions, les plus complexes systèmes ne sont rien à bâtir, pour eux. Hommes, or, sucre, devises volent et se plient à ce qu'ils ont décidé. Qu'ils soient pour tous des exemples de fatuité, d'orgueil, de colère, de puissance souvent, de sournoiserie pétrie de principes, de calcul, qu'ils ne semblent sympathiques à personne et qu'ils pérorent quand personne n'est là pour écouter n'empêche pas de reconnaître leur immense qualité : ils sont intelligents.

Et, pour les vingt ans à venir, personne ne fut plus intelligent que ceux qui décidèrent. Nous savons quels furent leurs choix, et quelles furent les conséquences de leurs choix. Nous savons comme ils prenaient plaisir à révéler au monde, par des allocutions, des doubles pages dans les magazines, par des annonces et des révélations lors journaux télévisés, les dessous les cartes, ce qui agissait et n'offrait à notre vue que des symptômes, et qu'il dévidaient la pelure d'oignon promettant qu'une perle apparaîtrait, les secrets courants. Subsumer leur était sensuel. Chaque fait était un indice, et nous restions ébahis devant les faits qu'ils combinaient et devant l'explication qui faisait tenir tant de pièces différentes, et qui n'étaient pas, jusqu'alors, les pièces d'un puzzle. Les taux et les misères s'emboitaient maintenant en un jeu qui n'existait pas, voici une heure. Ils assemblaient les mystères. Ils rayonnaient.

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