mercredi 16 juin 2010

94. Apocalypse.

L’apocalypse n’avait pas eu lieu. Pourtant, le monde s’usait. Aristote l’avait cru éternel. Le vice humain, ses armées n’avaient pas crû aussi vite que son immense fatigue. L'on cuvait sept mille ans de déraison et n’aspirait plus qu’au repos. Pétrole tari, couteaux émoussés, nantis repus, le monde n’était pas meilleur, seulement plus las, et à l’apathie des cœurs avait succédé celle des œuvres. On ne parvenait plus à se faire peur, on parlait de bombes et de turbans pour que les enfants la ferment enfin, le soir, on tuait un peu, on trafiquait, on mourrait aussi régulièrement qu’il y a cent ans, on violait de temps à autres, on se désennuyait. On n’avait pas cessé de proposer à madame, madame ne se résignait pas.

Le cœur n’y était plus.

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