samedi 3 juillet 2010

105. Les mots ne disent plus rien.

Les mots ne disent plus rien.

Ce n'était pas le reproche éternellement fait aux démagogues : ils existaient depuis Athènes et existeraient toujours, comme existerait toujours l'écart entre les promesses et les actes, les candides assurances et les actes, la voix qui tremble quand elle dit « nous ferons » – et la certitude que de très bonnes raisons empêcheront toujours de faire.

Ce n'est pas le reproche qu'on a pu faire (à juste titre), non d'évoluer, mais de varier.

Ni le reproche de ne pas varier, mais de tenir simultanément deux ou trois discours contradictoires.

Les mots ne disent plus rien, mais par « mots » nous n'entendons pas seulement les discours. Ils promettent certes, et pour des résultats dérisoires, mais à la dérision s'ajoutent les décrets, qui suivent les promesses et leur ressemblent, les lois votées, qui sont pareillement des déclarations de bonnes intentions, la communication pour tout ce qui est dit et écrit, et la glose. Le monde supplié, composé, réglé, enveloppé, enfin commenté : et qui n'a pas cillé. Le discours que l'on tient sur lui ne le concerne plus.

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