Il n'y avait pas d'événement politique, création d'un parti, d'un groupe, d'un mouvement, d'une coopérative, fusion, rassemblement, projet, décision de rassembler, de déclarer, d'informer, candidature aux présidentielles, aux cantonales, candidature à la candidature aux cantonales qui ne justifiât pas l'écriture d'un objet qui présente une certaine proximité physique et mécanique avec l'objet que nous nommons ordinairement livre.
C'était un recueil d'entretiens (pour les fainéants), un livre de projet (pour qui dispose d'une secrétaire), de jugements classés par thèmes (qui dispose d'un normalien), un recueil de discours ou de mémoires (et qu'il faut plier bagages).
Ils offraient une médiocrité coupée à l'eau et diluée sur cent vingt, trois cents pages. Soixante-dix millions de français auraient pu signer chaque phrase de ces deux cents cinquante-six pages, promettant un pays plus juste, plus écologique, plus puissant, fier. Cent quatre-vingts deux pages étaient non pas ternes, ni insipides : elles ne disaient rien sur rien. Ce qui aurait pu avoir une quelconque importance pour le commentateur politique ne se trouvait pas dans la lecture du livre : qu'il paraisse disait tout (je suis candidat à la candidature) ; s'il y avait plus, la presse le savait avant que le livre ne paraisse, le coin de phrase avait déjà couru le pays, était glosé, la proclamation clamée, la chose à savoir sue. Le recueil permettait parfois de compter ses troupes : il mesurait plus assurément le degré d'intérêt que l'on suscitait, et qui déjà, lors de la parution en poche, qui jamais n'advenait, n'était plus rien.
Julien commis un de ces livres. Le titre n'était pas moins prometteur que les autres titres : c'était un slogan que devait clore un point d'exclamation. Il promettait le progrès social et la cohésion sociale, dans une économie prospère. En 20**, tout cela coûtait, chez un bouquiniste, vingt centimes.
C'était un recueil d'entretiens (pour les fainéants), un livre de projet (pour qui dispose d'une secrétaire), de jugements classés par thèmes (qui dispose d'un normalien), un recueil de discours ou de mémoires (et qu'il faut plier bagages).
Ils offraient une médiocrité coupée à l'eau et diluée sur cent vingt, trois cents pages. Soixante-dix millions de français auraient pu signer chaque phrase de ces deux cents cinquante-six pages, promettant un pays plus juste, plus écologique, plus puissant, fier. Cent quatre-vingts deux pages étaient non pas ternes, ni insipides : elles ne disaient rien sur rien. Ce qui aurait pu avoir une quelconque importance pour le commentateur politique ne se trouvait pas dans la lecture du livre : qu'il paraisse disait tout (je suis candidat à la candidature) ; s'il y avait plus, la presse le savait avant que le livre ne paraisse, le coin de phrase avait déjà couru le pays, était glosé, la proclamation clamée, la chose à savoir sue. Le recueil permettait parfois de compter ses troupes : il mesurait plus assurément le degré d'intérêt que l'on suscitait, et qui déjà, lors de la parution en poche, qui jamais n'advenait, n'était plus rien.
Julien commis un de ces livres. Le titre n'était pas moins prometteur que les autres titres : c'était un slogan que devait clore un point d'exclamation. Il promettait le progrès social et la cohésion sociale, dans une économie prospère. En 20**, tout cela coûtait, chez un bouquiniste, vingt centimes.
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