vendredi 23 juillet 2010

115. Brûlent les voitures 1.

C'était bien sûr un attentat islamiste.

Certains avaient eu peur, précédemment, et voyaient leurs craintes confirmées. Ils tremblèrent de nouveau lorsque personne ne prononça les mots si souvent formés : Il ne faut pas généraliser. Ce n'est qu'une minorité, etc. Ce qui m'emplit de crainte ce soir-là : les habituels commentaires ne venaient pas. Chacun était abasourdi.

Le groupe terroriste, aussi ridicule et terrifiant que de coutume n'avait pas encore dit au monde qu'il existait, qu'il était désormais notre peur, lui et la petite dizaine des groupes bientôt formés, et notre vie. Les messages ânonnés autant qu'éructés ne défilaient pas encore.

Personne ne quittait sa terreur, à cet instant muette. Il fallut bien dire quelques mots. Une seule idée était émise : l'accablement. Personne n'invita ses amis ou sa police au calme. Ils n'évoquaient pas leur tristesse, elle n'existait pas, ni même leur surprise ou leur incompréhension. Pour une soirée, tout était lisible. Dans cet arrêt, frappés de stupidité et de lucidité, ils se trouvaient plus conscients que d'ordinaire. Ils buttaient sur l'événement, s'absorbaient dans le cratère et les laides fumées qui partaient de ce cratère. Ils n'osaient aller outre l'instant, puisqu'ils savaient tous ce qui le délimitait, outre les bords noirs et laids de l'explosion. Ils faisaient le même double constat : les torts étaient partagés, les crispations comme les insultes et les indignations jouées, les appels à prendre ses responsabilités, les menaces suivies d'excuses et les explications qui faisaient oublier les précédentes explications ; quelle que soit sa forme, l'affrontement venait.

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