lundi 7 février 2011

270. Lancar.

Sa bassesse n'avait pas de limite. Il ne travaillait que pour un clan et, dans ce clan, pour deux, peut-être trois hommes. Il avait si peu d'idées, si ce n'est qu'il convoitait le pouvoir et qu'il devait appartenir à lui et à ses amis. Il ne connaissait pas les dossiers. La mauvaise foi la moins supportable. Rien à dire et des manières insupportables, faussement bienveillantes, faussement apaisées, patelines. N'étant rien, ses interventions publiques lui permettaient de prendre des masques contradictoires, des changements à peine tenables en trente ans de vie politique. Il avait été l'ami fidèle, le légaliste, celui qui ose parler vrai, qui brise les tabous qu'instaure le politiquement correct, le sage, celui qui appelle à la modération et à l'union des hommes de bonne volonté. Il n'avait pas vingt-cinq ans. Il était beau, dit-on. Mais la vulgarité de chacune de ses attaques avait assoupli les traits fins de son visage. Il prenait du ventre comme on prenait du galon. On ne connaissait jamais les proportions exactes de cynisme et de sottise dans ces déclarations calculées et qui apportent la délivrance. On aimait qu'un jeune homme portât des chemises et des vestes et qu'il le fît aussi bien. Mais c'était un costume de laquais qu'il portait. Il aspirait à beaucoup de chose. Il ne crachait pas moins de choses. Il devait présider quelque comité. On se moquait de lui mais savoir qu'il existait l'arrachait à son néant. Qu'on aime, à voir qui l'aimait, le rendait plus odieux encore. Il n'incarnait rien.

Il ne ferait pas carrière toutefois. On trouverait de plus talentueux. Son souci n'était pas d'être plat et cynique, de n'avoir rien à dire et de montrer un orgueil inouï, mais de faire comprendre sans doute très clairement que son clan et le parti auquel il appartenait était ceci : la conservation sociale, peu importent les moyens, et la perpétuation de la misère et de la richesse.

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