mardi 8 février 2011

274. Souvenirs.

Ce sont les exclus et les perdants qui rédigent les mémoires. Je ne prétend même pas à cela. Je n'ai pas existé. Sans doute, des historiens et quelques maniaques se souviennent. A quelle grande entreprise qui hausse l'homme au-dessus de ce qu'il est, à quelle révolution, à quelle guerre, même raisonnable ai-je participé ? Et ce qui m'a valu de disparaître, le désastre même, ne fut pas grand. Les morts mêmes étaient insignifiantes. Elles ne marquaient rien. Les mères pleurent encore, mais c'est la police qui a tué, et rien de politique, rien d'envergure n'explique ni ne se rattache à ces morts. Onze morts, est-ce une raison pour entrer dans l'Histoire ?

Voici pourtant des souvenirs. Je n'ai rien vécu, j'ai pourtant fréquenté des hommes importants. J'en ai aimés certains. J'ai assisté de près au jeu du pouvoir (gnagnagna), à son impuissance. J'aurai de longues réflexions à infliger au lecteur (nul).

Voilà....

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