dimanche 14 mars 2010

71. Marin 3.

Entendons-nous. Il n'était pas laid, ni beau. Mais dire qu'il n'était ni laid ni beau est également faux, qu'il est insignifiant aussi. Seulement, on eût couché avec lui un soir de désœuvrement, après une bière et, peut-être même sans, sans même le regretter. Son corps nu le lendemain, pas même musclé, mince, sans doute, n'étant rien que l'occasion de se vêtir, d'ouvrir la porte, de le quitter – et d'oublier.

On l'eût revu des années plus tard, une irritation qui ne parvient pas à indisposer. On ne regrettait rien, si ce n'est, sans doute cette tiédeur, cette absence de regret comme de désir. On eût considéré, de nouveau, la blanche chemise, l'absence de cravate, l'élégance discrète, se dire que rien n'était que la bête satisfaction, le mouais, le moyen plus, le pourquoi pas qui pouvaient être à quoi bon ?, et alors, basculer dans à peine plus que le néant (et le néant et la misère auraient consolé) et que ce basculement nous eût indifféré. Et rien n'aurait séparé coucher avec et ne pas coucher avec, sinon le sourire en coin qui n'était le signe de victoire ni de rien.

Aussi, je me suis trompé en disant que tout s'équilibrait en lui. Il n'était pas absent à tout. Il était content. Le bien et le juste, l'efficace l'emportaient, il n'avait pas perdu son siège de député, et n'obtiendrait jamais 52% des voix. Ce qu'il gagnait rendait le principe du combat vain. Il était le surplus inutile. Dieu le contemplait, ne pensait pas à noyer le monde dans une pluie de feu, mais pensait, songeur, à ce que signifiait la Création.

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