Disons-le, ce qui séparait Marin de Julien Queuille sépare aussi le bien du mal. La volonté de bien faire, les scrupules, l'inquiétude, le souci de s'empêcher, la retenue, les remords de l'un, l'inquiétude aussi, mais le calme du désintérêt, la mauvaise conscience, la paresse, la certitude que tout passe (et tout passe, en effet), l'égoïsme qui prend tous les visages, de Marin. Des convictions dont on doute à chaque instant ; une absence de conviction que des mots, les plus beaux, mais qui ne sont jamais les mêmes, emplissent tour à tour. Marin ne regrettait rien (nous ne disons cependant pas que les regrets, les scrupules, et la souffrance de manière générale, la honte, séparent le bien du mal, puisqu'il s'étend sur tout, ni même que le désintérêt n'en éloigne pas. Nuage, ou continent, trou oublié, poches trouées, tout y ramène, beaucoup pensent s'absoudre par la souffrance, et parce qu'ils souffrent, refusent de scruter leur cœur, et boivent leur honte, et diront beaucoup, succomberont. Mais le bien fait sans le savoir n'est pas plus une excuse. Rien ne lui échappe, sinon la volonté et l'inquiétude liée à cette volonté, de lui échapper.) passait, s'excusait avec un sourire. Il n'était pas nocif mais tiède, cherchait une explication (un prétexte) à son existence. Et sa tiédeur menaçait toute chose, les projets de loi de Julien résistaient mal, tout était vain, risqué, inutile, trop ambitieux, et Marin, attaquant le président Queuille, n'en révélait pas les failles, les manques (les lois étaient parfois décevantes), mais frappait à l'estomac : pourquoi cette agitation.
Ce qui les séparait fait aussi que l'un l'emporte toujours sur l'autre, pour un résultat presque nul, pour une victoire que la disparition de l'adversaire, à considérer ce qui nous reste, ne justifie pas.
Julien aimait le travail bien fait. Est-ce à dire que quelque chose subsistait toujours ? J'aimerais le croire.
Ce qui les séparait fait aussi que l'un l'emporte toujours sur l'autre, pour un résultat presque nul, pour une victoire que la disparition de l'adversaire, à considérer ce qui nous reste, ne justifie pas.
Julien aimait le travail bien fait. Est-ce à dire que quelque chose subsistait toujours ? J'aimerais le croire.
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