dimanche 14 mars 2010

72. Marin/Queuille (portraits croisés 1/2).

Le lecteur a compris ma pensée. Il est difficile de dire ce qu'était Marin, sinon en le comparant à Julien Queuille. Ils étaient beaux, mais leur beauté ne surprenaient pas. Elle relevait presque de la politesse, d'un souci de bien présenter que des traits désagréables, trop fins, des muscles, qu'un regard trop franc, un feu ou un manque d'aisance, une main trop vite tendue eussent contrarié. C'était la beauté d'un commandant de bord : on l'oubliait, aussitôt rassuré. Ils aimaient le travail bien fait. Ils avaient le même âge, l'un avait milité, par hasard, dans un parti de centre-gauche, et l'autre, pareillement, dans un parti de centre-droit. Ajoutons l'inévitable liste de films, d'artistes, d'hommes et de femmes politiques aimés ou pas. Sans doute qu'ils avaient en commun une ambition raisonnable, une certaine assurance, quelques certitudes, des plans, listes de noms, projets. Quand l'un resta trois ans au pouvoir, l'autre fut parlementaire (député puis, ce qui correspondit à sa personnalité, sénateur) cinquante ans, mais il ne disparut pas moins étonnamment de la vie politique. Depuis dix ans, il médite, ou ne médite pas, dans une grande demeure.

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