lundi 29 novembre 2010
Y.
220. Naissance d'un pont.
Ces douleurs c'était un pont qu'il fit ce matin même, les cendres et fumées. Ce dos courbé était les vallées qui se creusaient et s'apaisaient, cédaient aux champs, aux betteraves, c'était ses doigts usés et courbés, une nouvelle usine, mille emplois, c'était la migraine et les voiles sorties, vers un monde de caisses et de départs, le ronron des voitures à venir, c'était la main qui soudain s'était levée, contractée, la ronde colonne du cou, la force du cou, cédant, la main qui soudain pend, Julien terrassé, les chiffres du matin.
mardi 16 novembre 2010
219. Parlez librement.
Mec métro.
Il était de ceux dont l'âme pend aux joues, dont les corps mobiles s'affichent et disent peur, plaisirs brutaux et secrets, colères terribles et sans doute minables, vulgarité, orgueil pendant encore, à ses joues, les yeux fixes et bleus. Les taches et plaques connaissaient tous les soubresauts de la rame et montraient, par moments, les rougeurs, de laides irrégularités, la pointe d'une plaie, les marques et les signes. Il y avait les lunettes carrées, la chemise à carreaux, un imperméable vieux sans être usé. Il avait dû connaître des guerres, le regard ne cillait pas.
Barbares.
lundi 8 novembre 2010
218. Origines.
dimanche 7 novembre 2010
217. Enfance.
216. Serviteurs (2).
Dès lors, les serviteurs qui ploient étaient la médiocrité et la brutalité, les choses closes et protégées. La protection, qui était le calme, devenait le privilège, de là l'insensibilité, la faute. Les serviteurs étaient déjà laquais, fats, aux sourires ironiques, aux servilités payées et récompensées par ce qu'ils prétendent savoir, par les secrets qu'ils pensent détenir, qui sont faux ou insignifiants, par leur retenue même, insultants. Ils étaient la permanence aussi. Ils avaient une vie mais personne ne s'en souciait, ils appartenait à un corps renouvelé, insouciant. Rien ne dépassait, rien n'entamait les sphères. Ils survivaient quand passaient les rois, s'accoutumaient à tout. Ils n'étaient pas seulement une raison de s'indigner, le luxe inouï, en dépit de tout. Ils rappelaient sans cesse aux maîtres suprêmes, à ceux qui disposaient d'eux, qu'eux même ne changeraient jamais, et que les mouvements politiques ne suscitait pas même un haussement de cil. Leur précision, leur délicatesse, les gants et les colliers, cédaient sans cesse devant le roi qui passait. Mais ils se courbaient, esquivaient tous les traits destinés aux puissants, humble jusqu'à toucher le sol, inutiles, dispos, propres et glorieux, d'une gloire mesquine et femelle, souriaient, disparaissaient, seraient là dans trente ans.
215. Luxe.
Scène ?
samedi 6 novembre 2010
214. Corps de mort.
vendredi 5 novembre 2010
213. Changement/Scène.
La voix a des inflexions nouvelles, les yeux ont roulé. C'est à ce moment que l'on comprend, d'ordinaire, que l'homme bon, et juste, qui a sans doute échoué, qui a pourtant fait de son mieux, a quelque chose de forcé, et comme d'insincère dans le regard, dans la voix, dans les mains qui bougent rapidement, dans le port et dans la jambe qui vient toucher l'autre jambe. Les phrases se suivent, mais le ronron ne fonctionnent plus. Il y a une menace dans chaque phrase. Maintenant, le monstre peut s'éveiller et enfin révéler ses plans - nous pouvons enfin nous coucher, et prendre une aspirine. Son assurance, les doigts levés, jouant sur les doigts, la jonquille sur le bureau, le portait, le bois des meubles et des portraits nous insupportent. Il y a une conspiration dans la jonquille, le costume, la chemise froissée, vers la taille, dans la mécanique qui ne fonctionne plus, la victoire trop parfaite, quelques morts récentes, des révélations désagréables, un mensonge qui serait suivis de tant d'autres, pour quel crime, pour conserver le pouvoir, parmi les bois et le sous-main d'or et de cuir. On tuerait pour la cravate nouée et les tableaux aux murs. Un œil ne vient pas comme il devrait, et tourne. Les bras et les mains se sont vidées. Les mouvements brusques, un regard de fou sont maintenant assis au bureau, signent distraitement des papiers officiels. Sa haute taille trop enveloppée de secrets. Est-on devenu fou, présente-t-on l'autre forme de folie qu'est la lucidité ?
Cyniques (II).
jeudi 4 novembre 2010
212. Cyniques.
mercredi 3 novembre 2010
211. Se perpétuait.
Le pouvoir se perpétuait en dépit de celui qui l'exerçait, changeait-il de nom, de visage, de boutique ou de goût politique et, en dépit ce qui était proposé ou discuté, œuvrait. Ce n'était pas secrètement, par un complot, par la concertation de quelques uns, mais silencieusement, que les mêmes intérêts étaient préservés, puis servis, qu'en dépit de tout, presque un projet, mais personne ne se réunissait pour décider, une direction que rien ne remettait en cause, qui était d'autant moins critiquée qu'elle apparaissait, dans sa netteté, sa cohérence, à de rares personnes, qui l'approuvaient presque toutes, tandis que les fâcheux, certes écoutés, ne convainquaient pas. Les débats terribles, les accusations terribles, étaient lancés, passaient. Une dynastie passait, un homme, son successeur et en dépit, des haines qui les lièrent vingt ans, tout se poursuivait. Avons-nous prise sur ce qui se poursuit sans avoir décidé, sans être consulté, sans savoir même que cela se poursuit ? Attentats, motions acceptées, assemblées dissoutes et renouvelées... Rien n'était plus stable, plus évident et pourtant difficile à scruter, rien ne changerait.
210. Il gagnait à être connu.
Laissez cela.
mardi 2 novembre 2010
209. Sexe.
Nous savons (nous imaginons) ce qu'a été leur vie privée, non celle du foyer, le bonheur qui est souvent feint, qui est pensé, disposé, mais le bonheur effectif et, cette fois-ci, secret. La honte, les grandes jouissances qui sont prudentes, les mesures et les règles n'ont rien empêché, nous savons. Nous ne sommes cependant pas intéressés. Ses fièvres, que chaque secrétaire doive le suivre et s'oublier, pas longtemps, quelques minutes, que chaque nouvelle recrue fasse comme chaque secrétaire, que la maison sache et s'en accommode, que nous le sachons enfin, cela importe peu. Les ministères reçoivent des filles et des garçons, fort jeunes. Nous savons la drogue et l'alcool que l'on consomme, parmi les filles et les garçons. Les petites menottes. Sous imaginons ce qui se lève, au matin, s'habille lentement, sans qu'on n'ait pénétré cette lenteur, tranquillité ou stupeur, honte de la veille, qui ne s'est pas accoutumée à soi. Les chemises qui couvrent la peau, douce encore, et abîmée, les bleus et les marques, les gazes blanches qui gonflent et se foncent. Le sourire qui ne tient qu'à l'habitude, qui fait oublier la douleur de la nuit, et la honte, on ne sait quel bonheur, quel apaisement. Nous nous ne nous intéressons pas à cela, qui fait rire, qui court, que l'on chuchote dans les cours et les salons, à quoi aucune puissance ne résisterait : le scandale qui tient à l'horreur et aux rires. Nous n'y voyons rien puisque rien ne se sait, où ne se sait que tard. Lorsqu'exceptionnellement, l'on meurt dans les bras de sa maîtresse, les bons mots se multiplient, l'on offre à la France vingt ans de blagues et de scies, et puis ? Les bains de sang n'ont pas existé, les convois de vierges, l'amant qui était l'amant de la femme, celui de la fille, les ministres aux expériences rares. Les turpitudes, les pratiques basses, tapies, révèlent sans doute bien des choses. Faire l'expérience de sa maîtrise, de la soumission, des épreuves et de la gloire, nous intéresse, mais dans d'autres situations. Nous les désirons moins codées, surtout, moins propres à déclencher les sarcasmes, la réprobation, les désirs qui empêchent, eux aussi, d'accéder au symptôme et à la cause qui l'a suscité. Qui offrent des images, des règles et des lieux où nous voudrions des explications, d'autres images, d'autres rêves, que notre désir pourtant n'anime pas, ou un désir plus ancien, moins tributaire des rires épais. Le mystère des hommes et des femmes n'est pas leurs bras passés, les lèvres qu'ils offrent, l'abandon, la soumission désirée ; plutôt la voix qui tremble et tonne cependant, la main posée sur l'accoudoir, la main qui pend et tremble pareillement, le soleil qui s'oublie, la nuit à scruter un mur.