mardi 2 novembre 2010

209. Sexe.

A faire moins bêtement périphrastique.

Nous savons (nous imaginons) ce qu'a été leur vie privée, non celle du foyer, le bonheur qui est souvent feint, qui est pensé, disposé, mais le bonheur effectif et, cette fois-ci, secret. La honte, les grandes jouissances qui sont prudentes, les mesures et les règles n'ont rien empêché, nous savons. Nous ne sommes cependant pas intéressés. Ses fièvres, que chaque secrétaire doive le suivre et s'oublier, pas longtemps, quelques minutes, que chaque nouvelle recrue fasse comme chaque secrétaire, que la maison sache et s'en accommode, que nous le sachons enfin, cela importe peu. Les ministères reçoivent des filles et des garçons, fort jeunes. Nous savons la drogue et l'alcool que l'on consomme, parmi les filles et les garçons. Les petites menottes. Sous imaginons ce qui se lève, au matin, s'habille lentement, sans qu'on n'ait pénétré cette lenteur, tranquillité ou stupeur, honte de la veille, qui ne s'est pas accoutumée à soi. Les chemises qui couvrent la peau, douce encore, et abîmée, les bleus et les marques, les gazes blanches qui gonflent et se foncent. Le sourire qui ne tient qu'à l'habitude, qui fait oublier la douleur de la nuit, et la honte, on ne sait quel bonheur, quel apaisement. Nous nous ne nous intéressons pas à cela, qui fait rire, qui court, que l'on chuchote dans les cours et les salons, à quoi aucune puissance ne résisterait : le scandale qui tient à l'horreur et aux rires. Nous n'y voyons rien puisque rien ne se sait, où ne se sait que tard. Lorsqu'exceptionnellement, l'on meurt dans les bras de sa maîtresse, les bons mots se multiplient, l'on offre à la France vingt ans de blagues et de scies, et puis ? Les bains de sang n'ont pas existé, les convois de vierges, l'amant qui était l'amant de la femme, celui de la fille, les ministres aux expériences rares. Les turpitudes, les pratiques basses, tapies, révèlent sans doute bien des choses. Faire l'expérience de sa maîtrise, de la soumission, des épreuves et de la gloire, nous intéresse, mais dans d'autres situations. Nous les désirons moins codées, surtout, moins propres à déclencher les sarcasmes, la réprobation, les désirs qui empêchent, eux aussi, d'accéder au symptôme et à la cause qui l'a suscité. Qui offrent des images, des règles et des lieux où nous voudrions des explications, d'autres images, d'autres rêves, que notre désir pourtant n'anime pas, ou un désir plus ancien, moins tributaire des rires épais. Le mystère des hommes et des femmes n'est pas leurs bras passés, les lèvres qu'ils offrent, l'abandon, la soumission désirée ; plutôt la voix qui tremble et tonne cependant, la main posée sur l'accoudoir, la main qui pend et tremble pareillement, le soleil qui s'oublie, la nuit à scruter un mur.

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