dimanche 7 novembre 2010

216. Serviteurs (2).

Dès lors, les serviteurs qui ploient étaient la médiocrité et la brutalité, les choses closes et protégées. La protection, qui était le calme, devenait le privilège, de là l'insensibilité, la faute. Les serviteurs étaient déjà laquais, fats, aux sourires ironiques, aux servilités payées et récompensées par ce qu'ils prétendent savoir, par les secrets qu'ils pensent détenir, qui sont faux ou insignifiants, par leur retenue même, insultants. Ils étaient la permanence aussi. Ils avaient une vie mais personne ne s'en souciait, ils appartenait à un corps renouvelé, insouciant. Rien ne dépassait, rien n'entamait les sphères. Ils survivaient quand passaient les rois, s'accoutumaient à tout. Ils n'étaient pas seulement une raison de s'indigner, le luxe inouï, en dépit de tout. Ils rappelaient sans cesse aux maîtres suprêmes, à ceux qui disposaient d'eux, qu'eux même ne changeraient jamais, et que les mouvements politiques ne suscitait pas même un haussement de cil. Leur précision, leur délicatesse, les gants et les colliers, cédaient sans cesse devant le roi qui passait. Mais ils se courbaient, esquivaient tous les traits destinés aux puissants, humble jusqu'à toucher le sol, inutiles, dispos, propres et glorieux, d'une gloire mesquine et femelle, souriaient, disparaissaient, seraient là dans trente ans.

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