C'était dans la petite chambre qui jouxtait son bureau. Nous voyions son corps allongé. Il n'était pas mort et méritait sans doute de l'être. Ses beaux traits avaient enflé, ne pendaient pas. Sous de nouvelles masses, ils s'étaient tendus, gelés et mobiles à la fois, prêts, disponibles. Ses yeux fermés semblaient bouger, un agacement les parcourait encore, et ne semblait les vouer qu'au repos. Il était pâle. Il ne méritait pas le soleil qu'il fuyait, et des pâles traits, du corps peut-être musclé, mais fort et presque gras, désirable sans être vivant, paraissaient son orgueil, son humour presque involontaire, instantané, cédant aussitôt au mépris, sa brutalité. De ses costumes noirs et blancs, sa cravate, ses lunettes de soleil, l'enterrement auquel il se destinait chaque matin, les plaques de morts formant son visage, c'était encore une lassitude qui l'excluait presque du commerce des hommes. La colère et les passions pouvaient l'animer, le désir, non pas celles qui donnaient la vie, la peur même lui était refusée, l'amour qui cédait aussi à sa volonté, toujours plus grande, n'étant toutefois pas la vie. Encore une fois, il serait bientôt mort, tout en lui le disait, on le redoutait, on regrettait que ce ne soit pas le cas. Il était fragile comme les hommes de quarante ans, lorsqu'ils refusent de connaître leur faiblesse. Il appelait le criminel qui le viserait bientôt.
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