mercredi 3 février 2010

31. 1 (Na 1 : vieux).

Quelques années plus tard, on me l'a confirmé : il était sincère. Désespéré, sincère, comme nous l'étions tous. Il avait été seul : il avait scruté, une journée durant, ce qu'il avait tant évoqué, plus tard : sa conscience. La nuit s'allumait... On n'a plus guère évoqué sa conscience.

Une grande délivrance... Je serai vieux, faible. Ce qu'ont été mes années de joie, ma gloire, la main qui se tend et ramène une main, un verre à pied, le verbe haut, tonnant, ses lueurs : cela est loin. Passons sur ma vie présente : ce qui déjà s'appesantit et demeurera quand je serai vieux ; ce qui est lourd, et qui fondra, suave, tendre quand l'agonie aura commencé – la mort au petit matin, devant un mur blanc, une main froide sur ma main. La soif toujours, mais le poids aura fondu. Je penserai encore à cette nuit. Pour cette nuit et pour chaque nuit à venir, ne restait pour lui, pour moi qui me souviens, que la délivrance. La phrase était, me semble-t-il : J'offre au monde une grande délivrance.

Julien me raccompagne : nous nous serrons la main jusqu'à ce qu'enfin, tremblant, je lui demande. Il ne savait pas. Je pensais que le soulagement venait allumer ses yeux, et c'était la reconnaissance. Le ministre paraît, souriant et généreux.

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