Phrases.
Un premier ministre (son entourage) dit un jour : « il n'y a pas de politique, il n'y a que de la communication ». C'était là cynisme (par la volonté de contourner, de travailler le réel, de le faire oublier alors qu'il n'avait que le pouvoir d'écrire des communiqués, de convoquer journalistes, de parler ou parader, de travailler ses slogans d'orfèvres commentés, déjà oubliés, d'entasser papiers, d'envoyer wagon sur wagon vers la montagne) et candeur (penser que c'était possible).
Voilà les phrases.
Depuis toujours, certes, longues phrases à ressorts, à tiroirs, creusés, évidés et belles de marbre (de sucre) ou à la diable accompagnaient (créaient, étaient ?) la politique. Des dictionnaires les recueillent, avec de pratiques entrées (par date, par nom, par thème), le lecteur se reportera donc aux « On peut violer les lois sans qu'elles crient », aux « l'argent qui corrompt, l'argent qui écrase, l'argent qui tue, etc. », aux « Jamais les hommes ne font le bien que par nécessité », le papier bon marché, parfois l'or et le cuir les encadrent ; et la poussière.
La chose s'est accélérée, il y vingt ans. C'était les petites phrases (le coup de feu tiré sur la femme à terre que déjà dix amis, vingt journalistes frappent ; le congrès devenu champ de bataille et, dans la salle aux quatre colonnes, les tireurs embusqués, les victimes rarement innocentes, le faux sang par flaques).
N'oublions pas la creuse langue.
Il y eu les slogans, à figement accéléré, dont le principal mérite était de désigner de manière instantanée les cons. Entendu un jour de grève « vous nous prenez en otage ». Il y eu aussi la réforme.
Monde qu'enchaîne une rhétorique (ou une absence de rhétorique devenue rhétorique) sans le toucher.
Julien fit pire encore, je l'ai dit, sa langue caressait d'autant plus le monde qu'elle semblait le toucher. Sensibilité, doutes, honnêteté, chacune de ses paroles montrait qu'il avait prise sur ce qui était, je le savais, et il y eut un désastre.
Un premier ministre (son entourage) dit un jour : « il n'y a pas de politique, il n'y a que de la communication ». C'était là cynisme (par la volonté de contourner, de travailler le réel, de le faire oublier alors qu'il n'avait que le pouvoir d'écrire des communiqués, de convoquer journalistes, de parler ou parader, de travailler ses slogans d'orfèvres commentés, déjà oubliés, d'entasser papiers, d'envoyer wagon sur wagon vers la montagne) et candeur (penser que c'était possible).
Voilà les phrases.
Depuis toujours, certes, longues phrases à ressorts, à tiroirs, creusés, évidés et belles de marbre (de sucre) ou à la diable accompagnaient (créaient, étaient ?) la politique. Des dictionnaires les recueillent, avec de pratiques entrées (par date, par nom, par thème), le lecteur se reportera donc aux « On peut violer les lois sans qu'elles crient », aux « l'argent qui corrompt, l'argent qui écrase, l'argent qui tue, etc. », aux « Jamais les hommes ne font le bien que par nécessité », le papier bon marché, parfois l'or et le cuir les encadrent ; et la poussière.
La chose s'est accélérée, il y vingt ans. C'était les petites phrases (le coup de feu tiré sur la femme à terre que déjà dix amis, vingt journalistes frappent ; le congrès devenu champ de bataille et, dans la salle aux quatre colonnes, les tireurs embusqués, les victimes rarement innocentes, le faux sang par flaques).
N'oublions pas la creuse langue.
Il y eu les slogans, à figement accéléré, dont le principal mérite était de désigner de manière instantanée les cons. Entendu un jour de grève « vous nous prenez en otage ». Il y eu aussi la réforme.
Monde qu'enchaîne une rhétorique (ou une absence de rhétorique devenue rhétorique) sans le toucher.
Julien fit pire encore, je l'ai dit, sa langue caressait d'autant plus le monde qu'elle semblait le toucher. Sensibilité, doutes, honnêteté, chacune de ses paroles montrait qu'il avait prise sur ce qui était, je le savais, et il y eut un désastre.
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