dimanche 16 janvier 2011

242. Attentats.

C'était se donner trop d'importance : après les attentats, le gouvernement eut peur. On pensait que de nouvelles attaques étaient imminentes, un meurtre, la capture d'un ministre et de son cabinet, une grande explosion, voitures retournées, verrières soufflées. Le soir, lorsque seules les lampes et les bougies dorent les salons, lorsqu'elles laissent toutefois des coins, des bouquets, les pendules, les bibliothèques, les vieux volumes dans l'ombre, ils tremblent. Est-ce ainsi que les vieillards s'effraient, lorsque les sorcières suscitent plus de nostalgie que de peur, que les maladies ont été vaincues, pour un temps ? Ils se disaient « Ne cédez pas, si je suis capturé car moi, je ne cèderai pas. » Ils se disaient aussi « Nous mourrons avec fierté ». Il y avait une gloire à tirer de tout cela, de quelques fous tuant le chauffer, les gardes du corps, menaçant, terribles, torturant, assassinant, l'espérance aussi de mourir ailleurs qu'au Val-de-Grâce, la certitude de mériter les obsèques nationales. En venaient-ils à l'espérer ? Sans doute que non, et l'héroïsme venait bercer, réconforter les vieillards. Ils n'espéraient rien, ils attendaient le bruit qui claque, le cauchemar des gardes du corps.

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