lundi 24 janvier 2011

256. Matelas.

Que sont la masse d'hommes, de chiffres, de paysages, de propos dans quoi l'on s'enfonce, qui vaudraient s'ils se raréfiaient et qu'un homme seul paraisse devant une montagne et aurait un message, qui, s'ajoutant, ne valent rien, rentrent dans un système de statistiques et deviennent pures quantités ? Le pays était un lourd matelas. Quand les Allemands sont entrés en Union Soviétique, Staline le sut trois heures plus tard. Personne n'osa le réveiller. Qu'est-ce que cela a changé ? Qu'auraient changé cinq divisions de blindés ? Ils ne furent pas défaits, ils se perdirent. Ils ne furent plus rien dans mille kilomètres de forêt, de plaine, quand chaque arbre est une tombe, puisque chaque lac permet de s'y perdre et de ne plus être, puisque pareillement, les villages sont habités par des soldats furieux qui, ne mangeant plus, tuent et défendent toujours. La France était pareillement une somme de chiffres et de courbes, de vallées, d'hommes et de femmes, où tout était envisageable et où rien n'était donc. Où l'on se perdait, où tout était dans tout.

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