lundi 17 janvier 2011

244. Bon mot.

La voix monte sans se perdre, ne descend pas, trouve quelque plateau où elle demeure, se perd si peu, les cimes qu'il pourrait presque, par moments, toucher, qu'il entrevoit. C'était son absence d'éloquence, son inélégance presque désirée. Les choses étaient ainsi. Vous aviez deux, peut-être trois solutions. Vous pouviez décider maintenant. Il ne comprenait qu'on l'ai fait déplacer pour des questions qu'il comprenait sans doute, dont il ne voyait pas l'intérêt.

La phrase qui enclenche des mouvements, des roues qu'on nommera, plus tard, Histoire, qui permet à la fois de produire et d'exprimer un moment était une phrase qu'il ne prononcerait jamais. Il pouvait, avec une certaine efficacité, sauver un ami, détruire aussi, mais susciter autre chose qu'une sympathie, aller plus loin que la connivence intellectuelle, ce n'était pas ce qu'il pouvait, ni même désirait. On ne ramènerait pas son œuvre à un bon mot. Nous ne passerions pas des ombres à la lumière. C'était pourtant lui dont l'œuvre serait ramenée à rien, dont seuls les maniaques se souviendraient et, lorsqu'il s'en souviendraient, penseraient à moins d'une phrase, à la délivrance. Le moment qu'il refusait de créer l'avait détruit.

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