Voici quelques princes.
Assemblées, universités, étudiants désœuvrés, duchés, pairies. Chaque institution aime et croque ses grands hommes, qui l'ont fréquentée et souvent haïe, dispose d'eux, leur offre encore une chance de la servir et de la haïr. Leurs mille portraits sur ses murs, des murs aux caissons et aux lambris, leurs statues dans les jardins, sur les corniches, leur visage frappé sur du papier officiel.
Ce n'est pas leur mémoire qu'elle défend (pas plus que leur gloire). Tout est pour les sphères, que les sphères concentrent la puissance ou le savoir, la race. De qui sont ces dix-mille gravures, portraits, photographies où l'on ne reconnaît personne (c'est pourtant-là Montaigne), où fraises, cravates, noués de blancs, costume noir, dorés aux coins, laqués de sombre, aux murs et derrière les murs, sinon de l'institution même ? Que voir sinon les moustaches, les cravates ? Son passé (liste de noms, de dignités, de hauts faits, sangs purs) qui la constitue. Ses promesses. Les grands qui succèdent aux grands. Des tracts somptueux. Son évidence tautologique : l'institution est la galerie de portraits que toute institution ménage à son profit.
Voici le triomphe du nombre, du papier, des eaux-fortes sur tout ce que la valeur et l'intelligence ont pu produire, et l'oubli, parallèle, de la bassesse et des complots. Des vies oubliées (quelques historiens, des maniaques se souviennent), et ce que je vois en les voyant : Les traits figés et quelque surprise. La satisfaction de soi. Un pleutre. L'arrogance qui ne comprendrait pas un reproche. J'aurais aimé être son ami. Un courroucé qui, depuis deux-cents trente ans, ne comprend pas qu’on lui dispute le pouvoir. Les sourires narquois. Que fait-il là ?
Voici ce qu'ils furent.
Assemblées, universités, étudiants désœuvrés, duchés, pairies. Chaque institution aime et croque ses grands hommes, qui l'ont fréquentée et souvent haïe, dispose d'eux, leur offre encore une chance de la servir et de la haïr. Leurs mille portraits sur ses murs, des murs aux caissons et aux lambris, leurs statues dans les jardins, sur les corniches, leur visage frappé sur du papier officiel.
Ce n'est pas leur mémoire qu'elle défend (pas plus que leur gloire). Tout est pour les sphères, que les sphères concentrent la puissance ou le savoir, la race. De qui sont ces dix-mille gravures, portraits, photographies où l'on ne reconnaît personne (c'est pourtant-là Montaigne), où fraises, cravates, noués de blancs, costume noir, dorés aux coins, laqués de sombre, aux murs et derrière les murs, sinon de l'institution même ? Que voir sinon les moustaches, les cravates ? Son passé (liste de noms, de dignités, de hauts faits, sangs purs) qui la constitue. Ses promesses. Les grands qui succèdent aux grands. Des tracts somptueux. Son évidence tautologique : l'institution est la galerie de portraits que toute institution ménage à son profit.
Voici le triomphe du nombre, du papier, des eaux-fortes sur tout ce que la valeur et l'intelligence ont pu produire, et l'oubli, parallèle, de la bassesse et des complots. Des vies oubliées (quelques historiens, des maniaques se souviennent), et ce que je vois en les voyant : Les traits figés et quelque surprise. La satisfaction de soi. Un pleutre. L'arrogance qui ne comprendrait pas un reproche. J'aurais aimé être son ami. Un courroucé qui, depuis deux-cents trente ans, ne comprend pas qu’on lui dispute le pouvoir. Les sourires narquois. Que fait-il là ?
Voici ce qu'ils furent.
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