lundi 27 septembre 2010

151. La Délivrance. Début 1.

Il y eut des banalités de part et d'autre : « J'aimerais rencontrer Julien Queuille. » ; « Que lui voulez-vous ? »,« Entrez » et des « j'aimerais » « si cela ne vous dérange pas », la suite des bon, ben, et des plus élaborés à vrai dire, n'est-ce pas.

Je ne sais plus quel avait été le prétexte. Je suis journaliste, étudiant... Le prétexte ne différait pas de la vérité : j'étais curieux et j'aspirais à la gloire. La modestie devait souffrir deux fois. Il était seul depuis vingt ans, et connaissait d'autres souffrances. Je crois que ç'avait été mon projet de thèse. Que de nouveau, l'on éprouve de l'intérêt pour lui, de la sympathie sans doute, et qu'à cet intérêt bienveillant se mêle la vérité, ou sa forme dégradée, qui est l'exactitude, qu'importe ce que j'ai ajouté, que les mots aient été adroits ou pas. Il comptait à nouveau parmi les hommes.

Il y eut un coca et il y eut un verre de vin.

C'était, dans ses yeux et dans sa conversation, de la joie. Il m'épargnait un rôle qui m'aurait agacé : le vieux solitaire, bourru, pourtant humain, son secret, ses réticences et ses colères, sa verve qui emporte tout, ses leçon ; moi, humilié et restant pourtant, jusqu'à ce que je fuie, que je revienne et le sauve. Alors, il m'eût tout révélé. La dernière confession, les mots qu'ils ne prononceraient qu'aux derniers mouvements.

Autres clichés [chantage...]

Il me révélait tout – et sans doute trop.

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