Il avait alors tout ce que l'on demande à quelqu'un dont la peau et les traits (on eût dit naguère la race) diffèrent des nôtres : l'extrême appartenance à ce (insérer le mot qui n'est pas polémique), le visage marqué, extrêmement, les yeux tirés, la peau olive, les cheveux ras et noirs. Que ses grands parents viennent en France, essaient de s'y fondre, que ses parents y excellent et qu'il réussisse plus encore n'avait aucunement, par quelque impression ou sentiment devenu physiologique, modifié ce qu'il était, beau sans doute, très beau, mais jusqu'à la caricature, olive, yeux tirés et allongés, traits fins et féminins, cuisinier japonais, tueur japonais, homme d'affaire japonais.
Ce qui fit son succès était pourtant qu'il ne savait rien du Japon : le riz, le Mont Fuji, les pétales de cerisiers, de pruniers, les statues se levant dans la brume. Le nom venait bien sûr de Molière. Enfance banale, adolescence banale, quelques brillantes études, le passage du jean aux costumes, aux minces cravates nouées et coûteuses, le verbe sans accent aucun, la syntaxe raisonnablement respectée, des positions qui n'allaient pas avec la caricature du Japonais que chacun attendait, travail, technologie, respect, scrupules, minutie. Il était certes, de droite, et pensait, famille, efficacité économique, travail, mais par des prises de positions inattendues, libéral pour ce qui concerne les mœurs, protectionniste, social parfois, surprenait, non qu'un Japonais ne puisse penser ainsi. Plutôt, il ne correspondait pas à ce que nous attendions de lui, nous le découvrions français, républicain, social, ce qu'il fallait pour être enthousiaste, et lui, mince, droit et dur, élégant et recherché, sa sublime femme, blanche et d'Alsace, à ses côté. C'était ce que nous désirions : la diversité française devenue française, un visage nouveau pour la France, la jeunesse et la compétence, l'expérience mince mais qui mûrira, l'alliance du pragmatisme économique et du respect de la dignité humaine, douze pour cents virgule trois aux élections. Il parla beaucoup, fonda un mouvement au sigle intéressant, devint peut-être ministre et n'exista plus.
Ce qui fit son succès était pourtant qu'il ne savait rien du Japon : le riz, le Mont Fuji, les pétales de cerisiers, de pruniers, les statues se levant dans la brume. Le nom venait bien sûr de Molière. Enfance banale, adolescence banale, quelques brillantes études, le passage du jean aux costumes, aux minces cravates nouées et coûteuses, le verbe sans accent aucun, la syntaxe raisonnablement respectée, des positions qui n'allaient pas avec la caricature du Japonais que chacun attendait, travail, technologie, respect, scrupules, minutie. Il était certes, de droite, et pensait, famille, efficacité économique, travail, mais par des prises de positions inattendues, libéral pour ce qui concerne les mœurs, protectionniste, social parfois, surprenait, non qu'un Japonais ne puisse penser ainsi. Plutôt, il ne correspondait pas à ce que nous attendions de lui, nous le découvrions français, républicain, social, ce qu'il fallait pour être enthousiaste, et lui, mince, droit et dur, élégant et recherché, sa sublime femme, blanche et d'Alsace, à ses côté. C'était ce que nous désirions : la diversité française devenue française, un visage nouveau pour la France, la jeunesse et la compétence, l'expérience mince mais qui mûrira, l'alliance du pragmatisme économique et du respect de la dignité humaine, douze pour cents virgule trois aux élections. Il parla beaucoup, fonda un mouvement au sigle intéressant, devint peut-être ministre et n'exista plus.
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