dimanche 17 octobre 2010

186. PARTIE II. Avant notre rencontre (8).

Les morts étaient rares : depuis deux ans, nous n'en comptions pas trente. Mais les attentats stupéfiaient l'opinion. Que les voitures brûlent dans les quartiers, nous le savions. Qu'elles volent et explosent, c'était ajouter de la variété à ce qui est trop uniment gris. C'était des frissons encore, de voire des pauvres fourmiller et s'entr'égorger différemment.

Un métro explosa et vola. La rame prit feu avant de se tordre et de lever, et les voyageurs purent descendre. Quelques intoxications, quelques malaises. Un métro pareillement s'oublia et vola, trois morts. Près de Notre-Dame, une voiture devint une sphère jaune et blanche, fut suspendue, vibra et se souleva, n'exista plus et fut remplacée par de noires fumées, des ombres brunes à terre. Une grand-mère, trois hommes moururent. Il y eu des blessés. Voilà ce qui constituaient les deux tiers des journaux télévisés, presque l'intégralité des émissions politiques, ce que nous pressentions sans l'admettre, une évidence que personne ne songeait à nier : nous étions vulnérables. Une vingtaine de bombes avaient été déclenchées. Des centaines avaient été trouvées et neutralisées. Chaque semaine des bombes étaient annoncées. Nous ne savions pas qui les installait. Des groupes parlaient, revendiquaient, tournaient et montraient de grotesques vidéos. Les noms fusaient et donnait l'occasion de se faire peur. Les polices œuvraient, et avec une certaine efficacité. C'était du bon travail. Nous ne savions pas ce que nous devions craindre : l'intégrisme terroriste, ou le banditisme, nous savions que c'étaient deux réponses à la misère, différentes sans doute, qui nous effrayaient toutes deux. Nous ignorions dans quelle mesure, et par quels justifications ces deux menaces se mêlaient.

Aux lignes argent, santé, amour, famille qui guidaient, organisaient, ou plutôt nous permettaient de résumer notre vie, de comprendre plus que d'agir, s'ajoutait la menace terroriste.

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