C'était une seule et même conversation par toute la terre. Nous disions risque, escalade, montée, prolifération, menace, durcissement, radicalisation. Pour s'exprimer de manière moins feutrée : Noirs, Arabes et musulmans étaient dans la balance. Que pesions-nous ? Notre capacité à intégrer, non des personnes, mais des populations que nous n'avions pas prévu d'intégrer, dont nous nous désintéressions, qui avaient fait, en partie, le pays, et qui avaient surtout fait ce que nous ne désirions pas faire. Nous les avions désespérés. Ils s'écoutèrent et se firent plaisir, nous firent peur. Ce furent quarante années où le phénomène ne put être scruté, puisque chaque dimension du problème, analysée, même honnêtement, ne pouvait rien expliquer, niée et ridiculisée par n'importe quelle autre dimension, humaine, culturelle, ethnique, associative, cultuelle, sociale, policière, urbaine, scolaire. Le dialogue, lorsque personne ne veut écouter et ne veut que parler, ou ce qui nous illusionne si facilement et par quoi nous prétendons connaître le réel, la dialectique, n'est pas un dialogue et ne permit rien. Nous disions : intégration, assimilation, stigmatisation, racisme, antiracisme, quartiers, jeunes, voile, république, laïcité, clichés, essentialisme. Ou nous ne disions rien, puisque rien ne suivait les bonnes intentions. Suivaient des pactes, associations, mesures, Grenelle, plans, engagements, c'est-à-dire rien. Nous savions que le grand banditisme augmentait, et l'intégrisme religieux.
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