dimanche 10 octobre 2010

174. Bataille. Dernier assaut.

Il était nuit. Il pensait à ce soir, quand il rentrerait, blessé, aux lampes éteintes, aux reproches de sa femme ou de sa mère. La main sur le front chaud, la veine qui bat. La ligne d'horizon n'était plus, le rouge, le jaune la piquaient et séparaient à présent la terre et le ciel. Il oubliait le froid. Les voitures fonçaient, s'agitaient. Qu'ils viennent : ils venaient. Il s'avançait pareillement. Vienne enfin le contact. C’était onze heures, et rien ne luisait comme les gants et les camions. Lune, lampadaires. Les protections doraient.

Sa main n’était plus à lui, il n’y avait que sa main, son poing dressé, son bras engourdi, le corps immobile dans l’assaut. Sa main moulinait et frappait, il se gardait à gauche, se gardait à droite. Il appelait la miséricorde. Il n’y avait de froid ni d’horizon pour les braves et les soldats, mais une tempe offerte, la poitrine que rien ne protégeait. Il vengeait l'ami et le frère. Il vengeait et ne tombait pas.

C'était le héros, le bras soudain négligent. Il mourait, avait froid. Il contemplait, pour la minute d'agonie, sa main, l'herbe grise, la nuit qui va au loin, tachée de jaune et de rouge.

C'était la défaite et bientôt la légende : son nom, et d'autres noms, prononcés par toute la terre, lus. Des douleurs pour ses ennemis. La légende qui naissait entre deux carcasses noires. Il y aurait un chant.

Comprenons-nous, à présent ?

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