jeudi 14 octobre 2010

176. Sphères.

Le mouvement excède bien sûr ma naissance, de cinquante ans, et de cinq-cents ans pour les causes les plus évidemment attachées à ce problème. Que je m'inclue dans ce nous ne me fait pas partager la culpabilité d'ancêtres dont je ne connais pas même le nom, qui ne furent peut-être pas français. Mais, conséquence de ce monde, si typique de mon époque, si peu différent de mes contemporains, même sans décider, ni même agir, je suis le même que ce nous qui m'a précédé et qui m'entoure et qui, même lorsque de me désolidarise, si rarement de ses décisions, je les ai mille fois approuvées, même différemment, mille fois rendues inéluctables. Somme de conséquences, particule de cause, je dépend entièrement, non par mes besoins, mais par ce que je suis, d'un système que je chéris et approuve à chaque instant, contre lequel, parfois, modestement, en rougissant, je dit m'insurger. Et ma dénonciation n'est pas plus combattue qu'ignorée (ou prévue) : elle fait partie de la régulation de ce même système. Si bien que la plus fausse comme la plus malhonnête des positions serait, chaque semaine, après sept jours d'acquiescement et de profondes révérences, de penser déranger, insinuer son grain de sable dans les rouages. Le crissement du grain dans les rouages les fait d'autant mieux fonctionner. Les sphères ne contrôlent rien, mais tout est régulé. Dans le monde de l'achat et du débat, toute contradiction nourrit ce qu'elle attaque.

Pourquoi ce nous qui revient ?
Je ne me désolidarise jamais de la médiocrité.

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