Nous demandons que chaque arbre, ceux qui sont presque beaux, les quelconques, les maisons qui bordent la route, les panneaux, la voiture qui nous dépasse, et celle que nous ne voyons plus, nous apprennent quelque chose de nous, justifient notre présence ici. Qu'ils ne soient pas livrés à l'incohérence, et qu'ils disent une même chose. Un coin de chêne laisse passer le soleil, des haies, des restaurants. Ils promettent tous la banalité calme, terriblement confortable et morne, que sera la journée, nous promettent notre survie, douillette par ailleurs. Nous attendons sans cesse les métamorphoses. Nous ne désirons pas vivre, mais que le centre commercial nous explique pourquoi nous sommes et pourquoi nous sentons. Que de la terrasse au plant d'olivier, aux voitures garées, à la bouteille jetée, il y ait un même monde et un même projet, que nous puissions le découvrir et découvrir quelle partie de ce monde nous habitons, pourquoi nous y avons été déposés.
Restent une file de voiture, la ligne d'horizon et les fils à haute tension, les restes d'un marais, une nationale, le repas qui s'est achevé par un café, une famille qui nous aime, que nous aimons sans doute. A quoi bon monte et roule, n'a rien submergé, remplace chaque haie de roseaux, chaque bouquet et chaque poteau, revient à table, quand nous marchons, remplace trottoirs et gymnases, devient notre cœur qui, à présent, accepterait tout, ne décide de rien.
Nous sommes adolescents et déjà des vieillards. Viennent les pluies de sel, nous aspirons à céder.
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