samedi 16 octobre 2010

180. PARTIE II. Avant notre rencontre (4).

Nous parlions avant d'emploi, de croissance, d'écologie, d'Europe. Nous ne vivions, dès lors, que pour résoudre la question qui nous était sans cesse posée : qu'allons nous devenir ? Un peuple entier cessait de penser à lui et, pour mille raison, s'obsédait à ne voir que mosquées, femmes voilées, femmes battues, communautarisme, grand banditisme, sans savoir ce qui l'ennuyait, une religion, l'Islam, ou une couleur de peau, brune ou noire. Les problèmes existaient et avaient, pendant trop longtemps, été tus, par ceux qui n'étaient pas concernés, ou qui n'étaient pas préparés à voir, pour mille raisons, dont une qui est que la victime a toujours raison, ce que d'autres voyaient chaque matin et chaque soir. Les problèmes avaient cru. Je ne sais pas si les mots racisme ou xénophobie pourraient expliquer ce qui se passaient. C'était, sans nulle doute, une obsession. Mais rien de haineux dans ces mots et ces soucis qui s'affichaient à la une des journaux, à la moitié des journaux télévisés, dans les conversations, dans les repas, aux ministères, sous les porches, le soir, autour du poste de télévision. L'angoisse gagnait les Français, mais aussi les sphères, qui n'avaient pas seulement profité de la situation pour stabiliser une puissance précaire.

L'autre France n'était pas moins angoissée. C'était d'abord ceux qui ne se pensaient pas différents, avec raison, des autres Français. Qui, par suprême acte de foi, se pensaient mêmement menacés par Islam, voile, attentats, etc. C'étaient ceux qui, étaient regardés, non avec haine, qui sentaient l'angoisse rouler sur leurs épaules, les mains serrées contre les sac, le pas qui se presse, le mur que l'on frôle. Qui savaient qu'une chose étrange s'était enroulée autour d'eux et inspirait la terreur. Secret serpent, secret poison qui n'empoisonnait pas moins celui qui le dispensait. Parlons bourreaux : si peu, ils existaient toutefois. Ils souffraient et avaient souffert cent ans durant. Il avaient voulu que cette souffrance soit partagée. Ce fut alors tout ce qui s'étalait dans la presse : cris, menaces, vidéos et voiles, affiches rouges, jaunes. Ce qui avait cent têtes et cent noms, c'est-à-dire aucune, nul meneur, nul prophète, pas un homme pour guider un grouillement, seulement des symptômes de folie, de bêtise sans doute, de crime, de menaces et d'angoisse, pour ceux qui se recueillent devant un journal, un poste de télévision.

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